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Mes lectures, et histoires d'écrits
7 décembre 2010

Archives (7) - FERRERO, Jesús: "Les treize roses"

Toujours fin mai 2006:

treize_rose

FERRERO, Jesús : « Les treize roses », 2005, Castelnau-le-Lez, Éditions Climats. Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu ; titre original : « Las trece rosas ».

Un livre de plus, si je peux dire, sur ce sujet que les Espagnols rabâchent à qui mieux-mieux depuis qu’ils ont recouvré la liberté d’expression : la guerre civile et ses conséquences. Je dis cela sans aucun jugement de valeur ; c’est juste que, si ce sujet « doit » être évoqué par les intellectuels espagnols comme une thérapie pour tout un peuple, ça touche bien un peu les lecteurs d’autres pays, qui finissent par se lasser de la pléthore d’ouvrages sur ce même sujet.

Ici, c’est Jean-Marie Saint-Lu en personne qui avait parlé de ce livre, lors d’un atelier du CETL auquel j’avais participé lors de mon stage ; à l’époque, il était en train d’en terminer la traduction si je me rappelle bien, et nous en avait dit le plus grand bien. J’avais noté le titre, puis oublié, mais je suis tombée dessus par hasard à la FNAC et m’en suis aussitôt rappelé. Je l’ai acheté sans trop réfléchir.

C’est vrai que ce livre détonne un peu par rapport à ceux que j’ai déjà lu sur le sujet : ici, il s’agit de l’histoire de treize jeunes filles, certaines très jeunes même, qui avaient plus ou moins sympathisé avec les communistes lors de la guerre. Franco enfin installé au pouvoir, elles ont été arrêtées, mises en prison, et finalement condamnées à mort. Jesús Ferrero évoque leurs derniers jours libres, leur arrestation, leur condamnation et finalement l’exécution...

Certes, tout n’est pas parfait dans ce livre : on finit par ne plus très bien savoir qui est qui parmi ces treize filles, même si chacune a été évoqué dans un chapitre particulier - pas assez, sans doute, pour bien fixer les personnages. Et j’ai trouvé très « lourd » le trop long chapitre qui raconte leur dernière nuit avant l’exécution : il veut exprimer l’évolution de leur état d’esprit, passant de l’abattement à ces crises de fou rire, du désespoir à l’incrédulité. Mais l’auteur fait ça à travers des dialogues fort décousus, où l’identité des filles se perd encore plus, et c’est dommage car cela fait perdre toute la « profondeur » qu’on aurait aimé y trouver.

Mais dans l’ensemble, il ressort des choses très fortes de ce livre : on ne peut être que très sensible à la terrible histoire de ces jeunes filles, certaines tellement candides et naïves encore, et l’auteur rend très bien cet esprit plein de fraîcheur de trop jeunes filles qui s’amusent de tout et de rien, qui aiment et se disputent, qui se réconfortent ou se taisent, avec leur amant dans une maison perdue ou dans la prison où elles vivent leurs derniers jours sans le savoir encore. Et puis, cette dénonciation sourde mais très efficace des « collaborateurs » de Franco, avec les religieux en première ligne : c’est un religieux qui va essayer en vain de confesser les filles la dernière nuit, c’est une mère supérieure qui est responsable d’elles à la prison, et qui ordonnera aux soldats de tirer sur celles qui ne sont pas mortes tout de suite lors de l’exécution, alors que la légende permettait de gracier ceux qui avaient survécu à la première décharge... Bref, un livre parfois inégal, mais malgré tout d’une grande beauté en dépit des événements terribles qu’il rapporte.

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