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Mes lectures, et histoires d'écrits
7 décembre 2010

Archives (4) - FLEISCHER, Alain: "La hache et le violon"

Chronique du 11 mai 2006

J'ai acheté ce livre il y a plusieurs mois déjà. Je crois me rappeler qu’il y avait un article à ce sujet - ou une interview de l’auteur - dans un de mes premiers Lire de la période où j’ai recommencé à les acheter, mais je n’en trouve pas trace sur le site Internet de ma revue préférée et je n’ai pas trop envie de rechercher ces jours-ci (on vient de déménager, et on est encore loin d'avoir tout rangé!) la version magazine. Avec ça, j’avais complètement oublié le sujet du livre, et même pourquoi je l’ai acheté à l’époque ! Ce n’est pas ainsi pour tous les livres : il y en a que j’achète en sachant bien pourquoi, et même si je laisse passer beaucoup de temps avant de les lire, au moment où je m’y mets je me rappelle toujours pourquoi, mais ici ce n’était pas le cas.

Ce livre au titre un peu énigmatique est le suivant :

hache_et_violon

FLEISCHER, Alain : « La Hache et le Violon », 2004, Paris, Seuil.

La première partie, la plus longue, parfois trop longue d’ailleurs, parfois prenante aussi, parfois assez déroutante, raconte une histoire un peu utopique de cette ville d’un pays d’Europe centrale (que l’on devine assez vite être la Hongrie, et même plus précisément dans un « ghetto » de ladite ville (que l’on devine tout aussi vite être un quartier juif, ou faut-il vraiment l’appeler ghetto ?), où les gens se mettent à mourir de façon inattendue, victime d’une dégradation fulgurante de leur système auditif, accompagné la plupart du temps d’un bruit sourd rappelant un coup de hache. On assiste à la lente réaction des autorités communales et nationales, qui comprennent vite que tout cela est lié à la musique, mais ne parviennent pas à prendre les mesures adéquates. C’est le vieux sage du ghetto, ancien ingénieur en optique et désormais luthier de génie, qui avancera finalement la bonne solution : seule la musique, la « grande » musique (éventuellement suivie de toutes les autres) pourra protéger la ville (et le monde ?) des coups de ce qui est devenu la Hache. A moins de pervertir le pouvoir nouveau de la musique pour en faire un instrument…

… et c’est alors que l’on tombe brusquement en pleine deuxième guerre mondiale, en plein dans un camp de prisonnier, où l’auteur rappelle que les nazis aimaient la musique, et en avaient d’ailleurs fait un instrument de leur pouvoir parmi d’autres !

C’est ainsi que la belle histoire un peu fantastique de la très longue première partie est assez brutalement ramenée à une réalité historique bien plus sombre. On voit le lien mais on ne le comprend pas tout à fait bien, l’auteur avait quand même un peu l’esprit tordu non ? Pire encore : après, son histoire teintée de l’Histoire dégénère en une complainte sur la condition des Juifs au XXe et XXIe siècles. Ainsi, on a presque l’impression qu’il compare l’horreur de la Shoah aux attentats qui surviennent régulièrement, de nos jours, en Palestine ; il compare l’impossibilité d’expliquer cette monstruosité que furent les camps d’extermination nazis à une situation que l'on sait actuellement inextricable dans ce bout du monde que l'on appelle aussi plus pudiquement peut-être "la Terre Sainte". Quoi qu'il en soit, j'ai eu bien du mal à pleurer avec lui le pauvre Juif innocent - certes, des enfants, des femmes, des hommes innocents sont tués indifféremment lors de ces attentats-suicides qui se répètent et se ressemblent malheureusement, mais ces derniers ne sont tout de même pas exactement la même chose que la Shoah, et à aucun point de vue !

Il termine alors avec ce qui pourrait peut-être s’appeler de l’humour juif (?) : cette lente mais irrévocable assimilation de la judaïté par les Chinois, certains étant les descendants de Chinois convertis depuis des temps des temps reculés, d’autres beaucoup plus récemment ; ces Chinois qui auraient vaguement suivi le mouvement sioniste avant de reproduire une nouvelle Terre Sainte certifiée authentique chez eux, pays immense et réservoir intemporel d’hommes et d’idées. Parfaitement juifs et parfaitement chinois, très religieux et tout autant rattachés aux anciennes traditions de leur peuple. Une situation idéale ? On en sourirait, rien n’est impossible, et ce ne serait pas la pire des issues.

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